Hommage à Jo Sohet, ce supplément d'âme

 

"Les peuples sont mortels. La période de leur croissance est toujours un temps de fièvre et de crise. L'absence de terre leur est normalement fatale. Alors retrouvez-vous. Recrutez et éduquez. Prouvez l'honorabilité de votre passé. Projetez-le sur le futur en définissant un programme d'action, action qui par la force des choses, sera vouée aux seules fonctions de l'esprit. DEVENEZ DES DEFRICHEURS D'AME. Prévoyez aussi votre relève. Amenez des jeunes à rêver, en vous écoutant, non à ce qui aurait pu advenir mais à ce qui doit se perpétuer." (in Le Rossignol de Tib-Harine, La preuve par dix, P. 98, nouvelle édition 1993)

Jo Sohet, 1930 - 2010

Nous partagions une même ferveur... Pour lui, j'étais Mahia - Eau de vie en arabe -  Hommage à mon cher Ami, Jo Sohet !

Jo Sohet, 1987
Jo Sohet, 1987

Une âme de feu pour cet homme de convictions, Jo Sohet fut tant de choses ! Ecrivain, conférencier, puis attaché parlementaire, spécialiste des questions islamistes... philosophe, poète et prophète, d'une grande pudeur, discret, véritable chevalier,  avec des éclats de rire inoubliables, un sourire facétieux et un regard bleu pétillant de malice. Son ironie pouvait vous pulvériser (un de ses amis m'écrit : "ses grands yeux bleus qui savaient rire comme ils savaient tuer") mais sa tendresse était bouleversante.

Il raconte la campagne d'Indochine à laquelle il participe à 20 ans dans son livre "Guetteur, qu'en est-il de la nuit".

Grand officier de la Légion d'honneur, il termine sa vie à Nouméa et repose au cimetière de Nouméa au 5e km. La tombe de Jean Brune (écrivain et journaliste algérien comme lui) qu'il admirait beaucoup se trouve au cimetière de Païta qui est une ville de Nouvelle Calédonie située à 15 km au nord de Nouméa.

 

Ancien président national du Cercle algérianiste, il a beaucoup écrit. Des textes majeurs, d'une grande portée d'âme, traçant des sillons pour l'avenir.

Quelques éléments de bio

Né à Médéa (Algérie) le 26 janvier 1930 dans une famille installée en Algérie au début du XXe siècle, il est le fils d'Eugène Sohet, maître-tailleur attitré du 1er Zouave cantonné à Médéa, et de Germaine Sicard, elle aussi née en Algérie.

 

Jo est l'aîné des garçons, mais le cadet d'une fratrie comptant six enfants.

Ami avec un autre jeune de Médéa, Pierre Delhomme, ils jouent ensemble du violoncelle. Le destin les réunit souvent sur des chemins parallèles et leur réservera une fin de vie similaire... Il passe une enfance heureuse dans ses montagnes médéennes, mais la guerre contre l'Allemagne perturbe grandement la vie familiale.

Jo Sohet mènera une brillante carrière de soldat (Chevalier de la Légion d'Honneur, médailles militaires) et oeuvrera  à l'encadrement de supplétifs vietnamiens avant d'être responsable, auprès du 11e Choc, d'une harka aéroportée en Algérie. En 1975, le Cercle Algérianiste le charge d'assurer la liaison avec les Français musulmans.
Auteur de nombreux articles de réflexion dans "L'Algérianiste" dont plusieurs ont été reproduits dans de nombreux autres bulletins et revues et récemment par la Société d'Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie, c'est un conférencier de grande valeur.
Il fut, en 1984, lauréat du premier concours de la nouvelle au Salon international des Arts et Lettres des Français d'Outre-Mer avant de devenir, de 1985 à 1987, président national du Cercle Algérianiste où il sut appliquer avec un remarquable altruisme cette "philosophie de l'effort d'âme" si chère à Jean Pomier.

Moi qui fus une de ses proches, j'ai tenu à lui rendre ici un hommage empreint de respect et d'affection. Homme exceptionnel, incroyablement clairvoyant, intelligent, il s'est efforcé de nous mener vers les cimes. Nous, son peuple d'Algérie...

Marqué par l'Indochine à 20 ans

Il sera très marqué par la beauté de l'Indochine
Il sera très marqué par la beauté de l'Indochine

Jo Sohet passe deux ans dans les montagnes du Laos, se fondant au milieu de la population locale, notamment auprès des villages catholiques du Nord-Tonkin. Il héritera de cette période le surnom de Ong-Cop, Monsieur Tigre, surnom qui sera repris par Frédéric Schoendoerffer pour son film Diên Biên Phu.

Il rentre d'Indochine fin 1953 avec le grade de sergent-chef.

Ses oeuvres...

Œuvres littéraires

 

  • Le Rossignol de Tib'Harine, recueil de nouvelles sur l'Algérie (Editions de l'Atlanthrope, 1985, ISBN 978-2-86442-012-5)
  • Guetteur, qu'en est-il de la nuit ?, livre dans lequel il dénonce les manipulations en Indochine (autoédition, 1993, ISBN 00001021)
  • Pot-pourri parkinsonien, dans lequel il donne des exercices pour lutter contre la parésie de la face. Coécrit avec l'orthophoniste Claude Frémont.
  • L'Algérianisme, où il décrit la pensée de l'algérianisme, créée par Jean Pomier (Editions de l'Atlanthrope, ASIN B008O4C64C).
  • L'histoire des Arabes en Nouvelle-Calédonie, édité par la Société d'Etudes sur la Nouvelle-Calédonie. http://archive.is/uJlJs
  • Et de très nombreux articles et  nouvelles publiés dans le bulletin trimestriel L'Algérianiste

A lire et relire le "Guetteur" l'émotion saisit et ne lâche plus. Car si, dans ces pages, on retrouve, égal à lui -même, l'homme d'Action, naguère constamment et discrètement disponible, voici que se révèle dans sa rigoureuse expression littéraire le philosophe et le poète de ses ardentes convictions.
Alliage riche et puissamment détonant ! Fusion de pudeur et d'audace, de certitudes et d'humilité, de discipline et de révolte, de violence et de tendresse, de repentir et de vindicte, d'amertume et de sérénité.
Il fallait que ces choses soit dites, et de la manière dont elles ont été écrites et décrites : cette mission du G.C.M.A.* aussi évidente à concevoir qu'impossible à réussir ; l'orgueil qu'elle généra en nous avant de faire place à la honte d'abandonner nos fidèles ; les splendeurs de ce pays envoûtant, ses sites, climats, ambiances, aussi divers que les personnages et les événements ; la chaleur des liens humains, des amitiés, des confiances, compensant le poids de leurs charges sur nos reins et nos consciences. Et puis les souffrances, la misère indicible du vaincu prisonnier ; d'un évadé sans espoir d'aucune victoire.
Quelqu'un d'impartial a conclu, dans sa préface : "Après tant d'années "peineuses" ma vraie fierté serait que de tels hommes puissent me compter comme l'un des leurs".
C'est signé "Anatole" leur chef, qui fut le nôtre.
Moi je dis : "Merci Jo, d'être qui tu es".
* Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés.

Engagements humains

Jo, à Nouméa
Jo, à Nouméa

Dans les années 1990, constatant que la « neutralité » politique ne fait pas avancer les choses quel que soit le poids de l'argument, Jo Sohet décide de se rapprocher de la sphère politique.

 

Ainsi, Jo Sohet fonde une association d'aides aux devoirs, le Trait d'Union, suite aux révoltes des Harkis de Narbonne de 1992. Faisant sienne l'opinion du Père Avril et de Charles de Foucauld concernant la nécessaire obligation de donner accès à la culture générale française aux minorités vivant sur notre sol, il considère en effet que l'assimilation et l'intégration desdites minorités ne peut se faire que si la France rend sa culture accessible et séduisante. Son association d'aides aux devoirs portera donc l'accent sur l'ouverture à une culture générale classique, des découvertes du patrimoine historique, architectural, culturel français, etc ... Jo Sohet se rapproche donc du Puy du Fou et de Philippe de Villiers afin d'inviter ses meilleurs élèves à des sorties culturelles récurrentes. Face au succès rencontré -son association affichant vite complet-, d'autres associations de ce type émergent alors en France, le concept recevant un écho favorable auprès de Françoise de Veyrinas, ministre déléguée auprès des quartiers difficiles et Audoise comme lui, et auprès du banquier André Wormser, lui-même fortement impliqué dans le monde associatif des militaires musulmans. Pour l'anecdote, Jo Sohet s'entoure d'animateurs sociaux qu'il sélectionne parmi les descendants de Harkis ou parmi les appelés du contingent en service civil. Parmi ces animateurs, Yamina Abed finira plus tard conseillère municipale de Narbonne et Michel Py maire de Leucate.

Un homme sans compromis.-

Jo Sohet a refusé toute compromission avec un parti politique, quel qu'il soit, et ne s'est jamais encarté. Il considère que la politique locale doit être comme celle d'Hubert Mouly, alors maire de Narbonne : inféodée à aucun groupe politique, car il estime que le succès d'une politique locale n'a rien en commun avec les obligations d'une politique internationale.

 

Jo Sohet se lance dans un cycle de conférences à travers la France. invité par des municipalités, des journalistes locaux, des associations de Pieds-noirs, d'anciens combattants, d'entrepreneurs, de Harkis, d'insertions d'ex-prisonniers, il insiste lors de ses conférences sur l'importance de la vérité historique et sur la théorie de « l'effort de l'âme » chère à Jean Brune. Conférencier hors-pair, polémiste, il n'hésite pas à porter la contradiction en suivant une argumentation rhétorique qu'il a puisée chez saint Augustin, à savoir déterminer la finalité de toutes choses.

 

Parallèlement à cela, Jo Sohet s'occupe de l'intégration des Harkis, de l'aide au devoir de jeunes en difficultés, de l'aide aux boat people ou aux chrétiens du Liban. Il sera aussi au Conseil de prud'hommes de Narbonne, collège employeur.

Nouméa.-

Profondément marqué par la perte de l'Indochine et de l'Algérie, encore plus marqué par le drame des Hmong, des Harkis et des Boat People, Jo Sohet se tourne parallèlement vers la Nouvelle-Calédonie, alors en proie à des mouvements séparatistes. Il considère que quitte à donner l'indépendance à une ex-colonie, il convient d'en éviter les drames et d'en sauvegarder les populations.

Il part donc à Nouméa en 1997, comme attaché parlementaire de Thierry Valet, élu député UNCT à l'Assemblée territoriale de Nouvelle-Calédonie. Là encore, Jo Sohet tire la sonnette d'alarme à propos du risque islamiste. 

À cette période, Jo Sohet est nommé ambassadeur honoraire de Wallis-et-Futuna auprès de la Nouvelle-Calédonie, poste honoraire et sans grand intérêt diplomatique car concernant deux provinces françaises, mais le geste est de forte portée symbolique.

 

Par décret du 23 avril 2002, il est fait officier de la Légion d'honneur. (Sources Wikimonde  Plus)

Hommages funèbres...

Hommage à JO SOHET au nom de l’ APNC par Daniel VERMOREL, président

A notre tour, nous venons tous les deux  te rendre hommage au nom de l’Association des Parkinsoniens en Nouvelle Calédonie dont tu étais membre depuis sa création en 2006.

Ce lien commun qui a permis de nous connaître depuis  4 ans  était cette maladie de Parkinson diagnostiquée chez toi depuis 1998. Cette pathologie neurologique évolutive a fait son œuvre sans répit dans ton grand corps, au fil des années, notamment en te privant petit à petit de la parole, cet outil si important pour toi qui était un grand orateur.

Cependant jusqu’aux derniers jours tes facultés intellectuelles sont restées intactes pour le grand bonheur des amis qui t’ont cotoyé dans cette épreuve. Ces facultés, tu les as investies entr’autres, dans cet ouvrage « POT POURRI PARKINSONIEN » consacré à notre maladie et tu as souhaité généreusement que les bénéfices de cette édition soient reversés à notre association.

Avec l’aide de ton orthophoniste tu as mis en textes une série d’exercices phonatoires riches et variés en vocabulaire montrant une nouvelle fois ton talent pour manier le verbe.

C’est par un extrait de cet ouvrage que nous te rendons un dernier hommage. Puissent ces mots nous montrer encore longtemps le chemin de ton courage devant la maladie.

Nous ne t’oublierons pas Jo !

Extraits de « Pot Pourri Parkinsonien » de Jo Sohet

Ces extraits ont été lus par Carole VERMOREL lors de l'hommage funèbre que lui a rendu l'APNC

« Présentation lapidaire de ma pensionnaire par le praticien :  «Elle s’appelle Parkinson.  Elle vous persécutera jusqu’au point… final.  Pas d’échappatoire possible. Soyez patient et apprenez  à tout supporter. »

 

J’ai cru percevoir aussi « Rompez» mais j’ai pu me tromper.

Je n’ai pas voulu me perdre dans les plaintes, les pleurs, les reproches. Acceptons donc l’inacceptable,supportons l’insupportable mais dans une opposition permanente,     passionnée,  par pur instinct, pathétique peut-être, pour rien assurément, sauf que  vivre une épreuve, c’est lui donner un sens.                                                

 Je me suis propulsé,  tête la première,  dans « l’opération  P.P.P. » «Pot-Pourri Parkinsonien»,appellation plutôt péjorative… qu’explique peut-être ma propension à accepter n’importe quel type… de casse-pipes.             

 « Le phonème Pe est plus  puissant que le Me ou le Be.  Il percute, il frappe, il explose.Il appuie et pèse sur les lèvres.  Mais, impérativement, il doit… être répétitif » J’y penserai. Pas de problème. C’est parti pour le « Pe ».    

 Ce sera ma période « orpailleur papivore ». Les mots sont mes pierres précieuses,  mes pépites.  J’en chaparderai au passage  dans des prospectus  et des programmes périmés,  partout où ils auront été déposés  et présumés perdus.  Ils étaient disponibles, ils seront prêts. Ils sont déjà mes complices.  Je vais les prendre sous ma plume pour composer  l’outil à répétition dont le patient a besoin.

Et puis, il doit plaire, plaisanter   et pratiquer l’humour, au risque que l’une de ses pirouettes  ne se transforme en saut…   périlleux et tombe… à plat.    

 Auteur, j’ai parié sur la sympathie. Le phonème-phénomène a pour un tempsempêché le passage dela parésie à la paralysie et prolongé le pouvoir de la parole. Il a préservé le plaisir de rire. »

Pour terminer, je voudrais remercier, en notre nom à tous, Aïda, Michelle, Simone, Patricia, Ariane et toutes les aides qui pont pu te permettre, Jo, de rester à domicile. Elles ont veillé sur toi avec affection, il faut le dire.

Mon hommage à Jo...

lu par Nicky, lors de ses funérailles à Nouméa... et par Yves, qui cita mon nom « MaHïa », prononcé avec l'accent arabe pour bien retranscrire sa signification et être conforme à l'esprit et

Ce 10 novembre 2010

Jo,

 Vous étiez mon héros. Qui plus est, le seul  héros à ne m’avoir jamais déçue !

 Celui qui m’a initiée à l’art d’être et d’agir  avec un  « supplément d’âme » …

 

Jo…

 Tant de souvenirs ! Notre première rencontre a eu lieu lors des fêtes de Sidi Ferruch le 15 juin 1985 à Carcassonne. Je voulais être présentée à l’auteur du « Rossignol de Tib-Harine ». Ce fut une rencontre d’âmes.

Il est des gens qui écrivent de très belles choses, émettent des idées de belle envergure alors que leurs agissements en sont si éloignés !

Mais pas vous. Vos é-crits, c’étaient les cris de votre noblesse d’âme. Ils anticipaient vos actions auxquelles ils apportaient leur feu.

Vous me disiez en haussant les épaules : « les idées, pas les hommes ».  Pourtant vous aviez à cœur le destin des hommes, vous qui prôniez « l’amour de l’humain ». Un petit souvenir très personnel de cette première rencontre où je fis la connaissance de votre chère Maman. Elle me dit, et je revois encore son visage rayonnant d’amour: « J’ai toujours été fière de mon fils ! »

 

Jo,

 Vous étiez un guerrier, non pas un hégémoniste, mais un guerrier de la fraternité. Et j’ose dire, un guerrier de l’amour.

Vos amis ici présents ont rappelé tous vos hauts faits depuis Dien Bien Phu, à 18 ans…, et puis de retour à la terre natale, votre engagement en tant que chef de harka et un peu plus tard, envers les jeunes enfants de Harkis  au sein de cette association entre Narbonne et Toulouse où vous vous êtes donné sans compter.  

 (...)

 

Jo

 Vous étiez un homme de feu et d’ardence, un mot inventé pour vous. Un chef au vrai sens du terme, c’est–à-dire qui voit loin et protège. Alors vous avez mis votre vigueur d’écrivain et d’homme d’action au service de la sauvegarde de notre mémoire : je parle de votre combat algérianiste, par le glaive des mots que vous maniez avec tant de dextérité et de puissance et que vos adversaires redoutaient !

 

La puissance. Voici un mot qui vous convient. Jusqu’au bout, même quand celle que vous nommiez avec rage et dérision la tortionnaire Miss Parkinson, s’est acharnée sur vous voulant obtenir ce que personne n’avait réussi à vous soutirer : votre reddition. Mais elle ne vous aura pas eu car votre esprit lui a échappé. Cet esprit flamboyant, et je dirai impitoyable, inflexible devant les faussaires de l’histoire, devant le mensonge. Le mensonge « qui a détruit l’art de vivre qui s’établissait en Algérie » comme vous l’écrivez dans votre magnifique  manifeste « l’Algérianisme », credo adressé plus particulièrement à la jeunesse. Parce que lui transmettre le flambeau vous aura occupé jusqu’au terme de cette vie-ci.

 Dans un de vos derniers messages reçus, vous aviez cette phrase superbe : « laissez-moi me reconstituer, c'est à dire retrouver le goût de montrer les  dents ni pour mordre ni pour  faire peur aux loups, mais pour  en rire. »

 

Jo,

 Nous étions trois âmes sœurs ou frères d’âme, en tout cas frères de terre : vous, Pierre Delhomme et moi la benjamine. Vous, né un 26 janvier ; Pierre, un 25 janvier et moi un 24 janvier… Vous l’avez rejoint, lui aussi victime (mais non vaincu !) de cette démone de Parkinson.  Je sais que j’aurais deux anges de feu pour m’accueillir à mon tour, le moment venu. Je suis sûre que cela m’aidera à ne pas avoir peur…

 

 Jo,  vous m’appeliez votre petit soldat…

 

  Le petit soldat a bien du chagrin et tant d’images qui lui sont chères ! Des images vivifiantes, plein le cœur. Pas de mausolée, on n’emprisonne pas les héros !

 

Ce héros,  à jamais au présent en moi.

 

A-Dieu, Si cher Jo,

 

(...)

©Maia Alonso

Le voleur d’étoiles, by Jo Sohet (extrait du Rossignol de Tib-Harine)

 La nuit tend sur les horizons l’immense voile du ciel. Par la multitude de ses déchirures elle sème une profusion de paillettes d’argent, de myriades d’étincelles, ses étoiles en vrac.

Nul mouvement, nulle couleur ne trahissent la contemplation. Les ombres assouplissent les reliefs et les distances sont abolies. La nuit est si claire, le ciel est si proche qu’il suffirait, semble-t-il, de lever le bras pour toucher les étoiles.

L’homme ébaucha le geste et le charme changea de dimension. Il était debout dans la nuit. Sous ses yeux, la terre brillait de toutes ses perles de rosée. La terre ! Il essaya de sourire, ne put y parvenir et, pour rompre le silence dont il craignait les maléfices, dit à voix basse :

Tu veux vraiment que je te quitte ?

Il lut la sentence dans l’immobilité du paysage. Désespéré il insista :

- Tu sais combien je te suis attaché !

La réponse ne le surprit pas. Il l’attendait. Venait-elle de la terre ? De lui-même ? Il l’accueillit, soulagé, heureux que la magie des mots vienne à son aide. Tout n’était peut-être pas perdu ?

- Je sais, lui dit la voix, tu m’es attaché comme à un bien domestique.

L’homme se vexa mais, bien décidé à défendre ses chances, à plaider sa cause et ses droits :

- J’accepte le mot domestique, répondit-il, et je le caresse même comme un espoir. Bâtissons ensemble une autre cité.

- Mes maisons ne sont plus les tiennes.

- Pourquoi ? J’ai pourtant mis tout mon savoir, toute mon ardeur à créer, à édifier (il se pencha vers elle) ; j’y ai mis tout mon cœur. 

- Je ne t’appartiens plus.

        Il eut alors un élan de colère.

- Terre trouvée en friche ! Terre avare qui exige plus qu’elle ne rend ! Terre ingrate qui ne se souvient pas de la peine des hommes. J’ai tout risqué pour toi. Tout gaspillé.  J’ai bien mérité, je pense, une part de ce que tu devenue !

-  Tu me parlais d’amour ou tu faisais tes comptes ?

Tout à son amertume, il ignora le sarcasme ; cependant, ce fut d’une voix adoucie qu’il continua :

J’ai semé en toi tant d’espoir… Tout mon avenir…

La devinant hostile, il s’efforça de ne plus rien laisser paraître de son irritation, de son désarroi. Mais il la connaissait trop pour qu’il pût espérer les lui dissimuler longtemps. Il la savait subtile, quasi instinctive et très attentive à découvrir ce qui le concernait.

Une terre dédaignée, abandonné stérile, couverte de guenilles. Une terre versatile, soumise à de brusques colères… Mais belle comme la nuit qui la fardait d’étranges lumières, brûlante, racée à en faire perdre le goût des paysages d’origine et ne plus désirer que vivre près d’elle, pour elle. Il l’aimait. Non seulement pour la fierté des victoires sur le roc, le sable et les marais, pour les promesses de son corps et les richesses qu’il en escomptait, pour les maisons qui y poussaient, le peuple qui y naissait, il l’aimait pour elle-même, terre bénie du premier cri et du dernier repos. Il résolut d’être patient.

Je t’ai parlé d’amour. 

N’est-ce pas trop tard ?

-  Je t’ai toujours aimée !

- Peut-être et même sûrement. Mais pourquoi ne le dire qu’aujourd’hui ?

- Hier, cet amour m’était si naturel, si légitime, que je n’éprouvais pas le besoin d’en parler autour de moi.

Même pas avec moi ? Même pas pour savoir ce que j’en attendais ?

- J’ai eu tort. J’ai péché par excès de certitude et de bonheur.

- Par insouciance et par orgueil. Ami, il faut toujours entretenir l’amour par la parole d’amour. C’est un feu qui vit de son souffle.

- Alors, afin qu’il ne meure pas, laisse-moi te dire…

Non. Pas après ces années de démence, ces arrachements et ces deuils, ces fossés et ces tombes.

-  La vie, ô mon cœur ! La vie se nourrit de la mort. Quand la vie se poursuit et se transmet, elle est alors plus forte que la mort. L’amour est la vie. Le refus de l’amour est la mort.

- Ni vivants ni morts, mais meurtris profondément, intimement. Un malentendu nous sépare. Je m’étais endormie depuis des siècles et tu m’as réveillée, furieux, fervent, pressé de vivre. Or, je suis de toute éternité et tu ne faisais que passer.

-Non. Pressé de bâtir et pour l’éternité. Je ne suis venu à toi que pour laisser après moi ma maison, mon fils, mes arbres…

- Ma, mon, mes. Homme possessif et exclusif.

- Rien sans toi. 

Ils se turent, émus l’un de l’autre malgré l’âpreté de leurs remontrances, conscients de l’effroyable confusion où se débattaient leurs désirs, leurs sentiments, leurs griefs.

Le ciel ruisselait des lumières reflétées par la Lune et par les innombrables yeux d’eau que la terre levait vers lui.

Une ferme mutilée dressait comme un reproche ses ruines de pierre ; les chiens égorgés durant ces longues années de cruauté n’entouraient plus les hommes de leur vigilance ; une ligne d’arbres barrait d’une ombre dure, nette comme une tranchée, un pré d’herbes livides. La magie de la nuit ou bien son délire d’homme déchu, faisait naître sous ses yeux, dans ce décor figé, des silhouettes parmi lesquels il reconnaissait avec effroi des hommes comme lui, longtemps côtoyé, puis oubliés, ou bien dont il s’était gardé.

La terre est peu sans les hommes qui la peuplent. Il découvrait qu’il les perdait tous : elle, la terre ; eux, les hommes et parmi eux la jeune femme dont il retrouvait soudain la voix inoubliable tandis que jaillissait de lui, où il l’avait enseveli, le souvenir de sa beauté, de son maintien, de son regard. L’acuité de la révélation bouleversait son esprit. Les souvenirs rejoignaient ses fantasmes, le passé se mêlait à l’irréel et il ne savait plus à qui il parlait et qui lui répondait. Il sentit son cœur se serrer, car, il en était sûr, c’était la jeune femme et non la terre qui disait maintenant :

-  Avoue que tu avais honte !

-  Honte ! Et de quoi ?

-  De moi. 

Sa présence matérielle emplissait la nuit d’une clarté nouvelle. Il devinait son regard haut levé, fouillant dans le ciel les décombres de leur folie, les exhumant comme d’un grenier, souffrant, se réjouissant de les reconnaître et de se souvenir. Ses phrases coulaient comme une source abondante, comme des pleurs longtemps retenus.

- Je sais ce que tu diras si je te laisse parler. O ! Je ne t’adresse pas de reproches. C’est aussi mon regret que j’exprime avant que nous nous séparions. Tu me diras qu’il était difficile de m’aimer à cause de ce que je suis. Tu oublieras de dire qu’il te paraissait naturel de m’avoir près de toi, obéissante, subalterne, reconnaissante d’avoir été choisie.

Tu expliqueras les interdits de nos religions, les réticences de nos familles, les médisances de nos voisins. Tu n’oseras pas prononcer le mot de mésalliance et tu ne diras pas non plus que, pour les tiens, il était inconcevable que je devienne ton égal. Mais il suffit que tu apprennes que je le savais.

La flétrissure d’amour surpassait toutes les blessures qui avaient suivi. Elle seule comptait maintenant.

De toute mon âme, je voulais être reconnue comme ton égale en droits, en devoirs et en espérances. Tu estimais en faire assez en apportant de quoi manger, lire et tous ses instruments du confort. C’était bien, mais très insuffisant.

À égalité, j’aurais chéri notre terre ; j’aurais empli notre maison du bruit de nos enfants, avec bonheur et avec honneur.

N’oublie jamais l’honneur des humbles. Redoute de l’offenser. Il s’aiguise avec le bien-être et devient alors exigeant. S’il sait reconnaître les bienfaits, il ne peut pas supporter d’être redevable pour toujours aux bienfaiteurs.  Tu le comprends aujourd’hui parce que tu souffres. Mais il était inévitable que je me tourne vers mes propres ressources pour les glorifier.

Tais-toi. Ô mon âme, mon indigne. Je sais que tu vas aussi me dire que la terre d’où tu viens n’a jamais vraiment accepté l’idée que je parvienne à toi et par toi jusqu’à elle. Cette terre vieillissait au loin dans l’indifférence de ce qui nous arrivait, dans des convictions qui nous rejetaient tous les deux sans nous réunir, sûre de son droit tutélaire de décider à notre place. Elle n’a pas vu que, grandissant côte à côte, nous devenions semblables pour l’essentiel, par la mentalité et par l’amour commun, l’amour incontestable que nous portions à notre terre. Elle n’a pas compris que nous composions ensemble une chance unique pour tous. Elle a plus d’intelligence que de raison, plus de raison que de cœur, guère de bonté et encore moins de volonté. Les nuances de son esprit cachent mal les hésitations de son âme et les faiblesses de son caractère.

Mais c’est toi le vrai fautif de notre déchirure. Car si tu m’avais vraiment aimée, tu m’aurais imposée aux yeux de tous et d’abord dans son estime, à elle. Et s’il s’était trouvé que trop d’intrigues, d’intérêts et de refus empêchent que je devienne TOI, alors tu aurais dû avoir le courage de parcourir la route inverse qui t’aurais mené à MOI et attaché pour toujours à la terre où je vis.

  Aimer, ce n’est pas seulement attirer vers soi, c’est aussi vouloir aller vers l’autre, savoir quitter les siens.

Il fallait t’éloigner de tes origines et te pencher vers moi, car l’important, ce n’est pas l’aïeule bavarde et ses voisins jaloux qui ont connu, là-bas, bien des aventures rarement pacifiques, l’essentiel,  l’avenir c’était TOI et MOI, ICI.

Mon Dieu ! Ces diamants du ciel et les flammes vivaces de ce regard extasié par l’évocation de ce qui aurait dû advenir ! Plus que jamais la comparaison s’imposait et se précisait, de ses yeux et des étoiles : même éclat, mêmes portes ouvertes sur des foyers insoupçonnés, même impression de bonheur proche et inaccessible.

Elle s’était tue et avait baissé les yeux sur la terre torturée. Mes regrets, faites silence. Enfouissez-vous, mes remords.  Elle souffre autant que moi. Ecouter notre douleur à jamais intacte pleurer sans larme et dire sans phrase ce que fut notre espérance brisée. Pourquoi gâcher ce moment de grâce et de lucidité par un mot maladroit, par une plainte.

- Ma terre ! Je te confonds toujours avec la femme abandonnée. Les mots que j’offre à l’une valent aussi pour l’autre. Tout s’est passé si vite depuis qu’après t’avoir conquise, j’ai su te séduire sans jamais me décider à t’épouser. J’ai remis à demain, à plus tard. J’ai omis de penser à tes fruits les plus vrais, aux hommes qui devaient naître de toi.

Il fallait nous aimer, pas seulement aux soleils secs des famines et des épidémies, aux lunes noires des guerres, mais sous le ciel des fêtes et des deuils familiaux. Il est trop tard.

Avait-il pensé tout haut ? Parlé sans le savoir ?  Il entendit qu’on répondait :

- Dieu seul le sait. Dieu n’est pas une fatalité, même ici, en terre d’Afrique. La fatalité réside dans l’orgueil et la stupidité de l’homme. Adieu. Nous avons manqué notre rendez-vous avec notre destin. Le peuple dont nous rêvions tous sans vouloir en parler ne verra pas le jour. Je suis lasse et j’ai beaucoup à faire. Mes blessures sont trop neuves. Adieu.

La nuit était blanche d’une lune sans pitié. Les étoiles s’étaient éteintes, sur son visage et dans le ciel.

Le ciel ! Pourquoi ces bras levés vers lui ? En cette heure de faillite, n’est-il pas dérisoire d’oser vers les étoiles ce geste de voleur tandis que coule la terre du pays, entre les doigts, comme de l’eau, comme une poussière, sans que rien ne puisse la retenir dans le poing farouchement serré ?

Elle s’éloignait, disparaissait peu à peu… Ou était-ce le jour qui venait, rendant aux choses leur aspect, dispersant les chimères. Il s’interdit de crier son nom qui était celui de la nuit propice à son apparition :

- Leïla ! Ma nuit et ses clartés ! O ma nocturne, nous avons besoin l’un de l’autre.

Elle s’enfonçait dans le flou des ombres que le l’aube blanchissait sous le soleil qui déjà brutalisait la nature.

- O ! Ténèbres ! Sépulcre des siècles à vivre privé de toi…

Il crut qu’elle se retournait et souriait. Lumière de l’espoir. Que dit-elle qu’il puisse encore entendre ?

- Où que tu ailles, réjouis-toi de savoir que j’ai gagné de vivre seule au prix de ma joie.

L’excès de douleur l’avait rendu aveugle et insensible. La détresse pesait sur lui comme un bloc de granit. Mais les races qui l’avaient façonné étaient rudes, fières et intrépides. L’homme chargea d’un coup sec sur ses épaules son baluchon d’exil et porta ses premiers pas vers le Nord.

 

                                                                     ©Jo Sohet

 

 (Extrait du recueil de nouvelles « Le Rossignol de Tib-Harine » Editions l’Atlanthrope, 1985)

« Pot-pourri parkinsonien »

écrit par Jo Sohet , avec son orthophoniste, le Dr. Claude Frémont

Vendu au profit exclusif de l’APNC  - Association des Parkinsoniens en Nouvelle Calédonie. Ouvrage réalisé pour offrir un nouveau support aux exercices phonatoires pratiqués en consultation.

(Pour travailler le son I)

Dans Le prophète de Khalil Gibran, Almustapha répond aux interrogations que lui pose le peuple d’Orphalèse sur l’Amour, le Mariage, les Enfants, le Manger et le Boire, le Crime et le Châtiment, la Raison et la Passion…

Nul ne lui a demandé : « parlez-nous du silence et de la solitude ».

 

Alors un adolescent se leva, frêle silhouette enveloppée dans une lévite de laine claire et il laissa ses mains voleter  vers ses lèvres tremblantes et ses yeux mouillés puis, comme accablé, il sembla se replier sur lui-même et ce lova parmi la foule. Lorsqu’il fut installé dans l’immobilité, le maître dit : « Tes mains sont malhabiles et pareilles au premier vol de l’oisillon qui voulait s’élancer vers la liberté. Elles ressemblent à des ailes trop faibles pour un voyage trop long. Et auraient-elles l’absolue puissance de l’aigle, la légèreté de l’hirondelle, la faculté de planer de l’albatros, elles ne sauraient te délivrer de toi-même, car tu es ta propre geôle. Tu es l’oiseau englué et la cage d’où tu veux t’éloigner. J’ai lu sur tes lèvres que ta langue liée à ta gorge jugulait ta parole, et cette parole privée de liberté pleure dans un silence qui, pour toi, s’appelle solitude. Mais la solitude va-t-elle te laisser aller seul loin d’elle ? Et dans quelle ville, sur quelle île, en quel lieu replieras-tu tes ailes? Pour ne plus être seul, l’homme a voulu apprendre, enfant à parler et à lire, adulte à mentir et à dissimuler, vieillard à se taire. Mais toi, le silence est ton lot de l’enfance à la fin.

 

La solitude. Le mot te glace et allume dans tes yeux des lueurs de douleur et de révolte, puis les larmes les éteignent et te voilà encore avec lui, le silence, isolé avec elle la solitude, seul à seule avec elle.

A ce simple mot « elle » les étincelles éclatent dans tes yeux qui ne sont plus ceux d’un enfant. Elle. Celle qui saura te consoler, car consoler, c’est aller à la rencontre de la solitude de l’autre. Mais il te manque la parole pour l’appeler. Quelle est la place de l’élue parmi la foule des tiens ?

Alors le Maître laissa quelques légers espaces de temps s’échelonner puis il reprit la parole.

 

« Il est possible que ton âme escalade les sommets de l’esprit et t’élève avec elle. Tu t’installeras là-haut dans une fêlure de la roche et tu t’enseveliras dans l’essentielle leçon de la vie, la contemplation, et l’espérance de ses révélations. Et un jour, les bergers venus apporter le lait et le miel te trouveront dans l’éternelle immobilité et ils s’éparpilleront dans les villages proclamer la nouvelle de ta mort et ils diront : «  Quand même l’aurait-il pu, cet homme n’a jamais flatté pour séduire, calomnié pour détruire, falsifié ses mérites pour conduire le troupeau. Nul n’a été sali ou blessé par ses paroles. Le silence est le linceul de sa gloire. »

 

Le Maître dit encore : « Mais l’ombre et la lumière se déplacent ensemble, à la même allure, entrelacées sur les épaules de chacun, oui, l’ombre de la solitude et la lumière de l’amour.  Et ici deux solitudes murées dans le même silence et deux soifs d’amour se contemplent et se reconnaissent, miroirs et reflets l’une de l’autre, et toutes deux fidèles aux lois naturelles de la vie, et si l’amour donne au regard les flammes de l’éloquence, s’il lance les bras ouverts à l’étreinte de l’autre soi-même et que les lèvres s’allongent dans les sourires de la félicité, et que la solitude lasse d’elle-même laisse parler l’amour, alors ! Que vos sourires s’appuient l’un sur l’autre et se mêlent. Les plaintes et l’allégresse, les rires et les colères seront les échos des phrases jamais formulées. Et cela le long des jours et des nuits.

 

Au lendemain du dernier jour, alors que les pleureuses se lamenteront dans le balancement de leurs têtes voilées, les villageois diront : « Ils furent valeureux et dignes d’éloges, cet homme et cette femme exclus du va-et-vient des mots qui lient ensemble les miels et les fiels de la vie, mais qui ont eu la volonté d’accomplir les gestes conformes à l’immuable loi de la terre. »

Alors le ciel laissera couler sur le couple endormi un fleuve d’alléluia.

 

« Enfant, lucide et fidèle, il te faudra choisir selon les élans de ton cœur ».

©Jo Sohet


(On peu commander le livre par Internet à la librairie Mot à mot dont voici le lien : www.mot-a-mot.com si  jamais des proches sont atteints de cette sale maladie, la Parkinson)

 

 

« Notre entêtement à reconstituer des parcelles vivantes de ce passé ne procède pas, comme certains le croient, d’un rabâchage des bons vieux souvenirs ou du refus de voir notre avenir en face. Il s’appelle ferveur et fidélité. Car nous n’avons jamais accepté d’être dépossédés, en plus de notre terre natale ou d’élection, de notre stature morale ». Jo Sohet

Sa chanson...

Un message parmi d'autres...

bonjour Maia, je viens de relire notre courrier, Mon Dieu quel grenier  j'ai dérangé !: remettre de l'ordre si je le peux; montre en main onze minutes pour ce bout de phrase, Je ne corrige plus, style télégraphique, voici une journée normale.

05 h du  matin reveil  et état (des lieux c'est à dire constat de ce qui marchera peut-être

O7 à 08 petit déj   assisté. Après selon les arrivées infirmier(re)  kiné,  visites d'amis et  essais de  remuer la carcasse  ensuite installation pour  le repas de midi  qui est  un spectacle  à lui  tout seul, durée moyenne de la séance 2 heures, puis vient la longue sieste entrecoupée de visites mais  que ces heures  sont longues s'il faut se rappeler que la bête ne  peut rien faire seule, un coup  d'œil à ma  montre, voilà deux plombes que  je m'explique, je balance ce  papier dans  la case brouillon  à tout à l'heure; le lendemain et les corrections effectuées  par mon auxiliaire de vie ,après une nuit  et son  insomnie réglementaire toute la machine se met en route et en grinçant, je suis fatigué demain sera mieux, point final pour aujourd'hui,; JO ET SON AUXILIAIRE

A l'absent...

Il a pris la porte de sortie

Sans un dernier adieu

 

Qu’a-t-il emporté dans la mort dénudée ?

Mes je t’aime en lame de rasoir

Mes éblouissements

De jeune femme comblée

Ma lassitude de femme vieillissant seule

 

Il a pris la porte de l’oubli

Sans un nouveau regard

 

Que me laisse-t-il dans la vie dénudée

Après ses maux sans mots

Ses souffrances sans finitude...

 

©Mahia Alonso

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Commentaires: 5
  • #1

    Yves et Nicky NIEMANT (jeudi, 13 mars 2014 11:46)

    Vous êtes merveilleuse, Mahia.

    J'ai transmis à tous les amis pieds noirs de mon entourage... une bonne centaines !
    j'attends avec impatience votre prochaine lettre
    Yves et Nicky.

    Pourriez-vous faire une correction sur votre texte. Nous étions deux pour lire votre hommage lors de ses funérailles à Nouméa...Nicky et moi. Pourriez-vous citer Nicky car elle a lu la plus grande partie de votre texte... je n'ai que dit votre nom MaHïa, à la fin, prononcé avec l'accent arabe pour bien retranscrire sa signification et être conforme à l'esprit et au cœur de Jo.
    merci d'avance.
    nous vous embrassons très fort.

  • #2

    maia-alonso (jeudi, 13 mars 2014 13:56)

    C'est fait cher Yves (et chère Nicky). Mon "omission" était volontaire, par discrétion mais puisque vous m'y autorisez... de même que j'ai justement occulté la dernière phrase de mon hommage qui a fait que vous avez prononcé mon nom : "Celle que tu appelais aussi Mahia – Ton Eau de Vie !"
    Je suis parvenue au dernier chapitre de mon roman. Je vous l'envoie bientôt...

  • #3

    Yves et Nicky NIEMANT (vendredi, 14 mars 2014 08:57)

    Super ! Nicky et moi en sommes très touchés. Merci pour cette précaution.
    Je pense qu'il y a une erreur de copier:coller. Il manque la fin "à l'esprit et au cœur de Jo"
    Nous vous embrassons affectueusement.
    yves et Nicky.

  • #4

    Maia (samedi, 15 mars 2014 08:48)

    Réparé... en créant une nouvelle ligne de titre... Amitié affectueuse

  • #5

    maia-alonso (lundi, 10 novembre 2014 17:42)

    En ce jour anniversaire, une pensée plus forte encore vers son sourire qu'il essayait de ne jamais oublier...